Résumé :
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Par « les Témoins d'un parcours»
En suivant votre parcours dans le secteur public, c'est d'emblée l'expression « passion du service public » qui vient à l'esprit…
Ayant fait par vocation toute ma carrière dans le secteur public, je suis bien évidemment très fortement imprégné par la notion de service public, par sa philosophie et par l'engagement ferme qui doit l'accompagner à tout moment. Un engagement parfois difficile à honorer, mais souvent conforté par la constatation de la concomitance entre la qualité de l'ingénierie publique et celle du service public, au Maroc comme ailleurs. L'idée de service public est exigeante. Elle l'est en ce sens qu'il s'agit du fondement de la relation de légitimité et de confiance entre le citoyen et l'État. Elle l'est aussi parce que les services et les équipements collectifs sont au cœur de la compétitivité économique des pays et des territoires. De même, le service au public, dans sa grande diversité, de la justice à la sécurité, de l'éducation à la santé, est un levier incontournable de la justice sociale. C'est en ce sens qu'on qualifie les services publics de «capital des pauvres»… Aussi, quel que soit le mouvement d'ouverture des économies, le service public demeure irremplaçable. Les crises actuelles ne font que nous rappeler cette évidence. Elles confirment qu'il est nécessaire de construire un optimum sociétal entre le «tout marché» et le «tout État». Les temps changent et les modes de production des services publics doivent aussi changer et être réinventés en permanence.
L'exigence du service public n'est pas uniquement celle des ingénieurs fonctionnaires et des corps divers de «la maîtrise d'ouvrage publique». Une telle exigence est aussi celle des partenaires de l'administration, particulièrement les opérateurs privés, qui doivent l'observer aussi bien sur un plan purement contractuel que sur le plan de l'éthique. À la déontologie du métier, s'ajoute en effet une éthique du service public fondée sur les principes d'égalité, de continuité et d'efficacité, qui va de pair avec un engagement social, spontané et souvent militant, frôlant l'abnégation. Militant, frôlant l'abnégation, sans doute car les conditions d'une œuvre parfaite sont rarement réunies et les contraintes sont plus nombreuses quand on se situe du côté du secteur public. Les dimensions techniques s'entremêlent avec les dimensions juridiques, institutionnelles, environnementales et financières. Les projets publics, même les plus petits d'entre eux, sont souvent confrontés à la complexité de ces dimensions, où l'humain, le sociologique, le technique et le politique sont obligés de coexister et de faire bon ménage.
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