Conseil Supérieur de l'Education, de la Formation et de la Recherche Scientifique
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Titre : | L'éducation citoyenne au lycée : pratiques d'acteurs, 1881-2010 |
Auteurs : | Céline Chauvigné, Auteur |
Type de document : | texte imprimé |
Editeur : | Paris : l'Harmattan, impr. 2017 |
Collection : | Pédagogie, crises, mémoires, repères |
ISBN/ISSN/EAN : | 978-2-343-13630-1 |
Format : | 1 vol. (310 p.) / 24 cm |
Note générale : | Bibliogr. p. 277-292. Index |
Langues: | Français |
Index. décimale : | 373.011 5 |
Mots-clés: | Éducation à la citoyenneté (enseignement secondaire) ; France ; 1800-.... ; Citoyenneté ; Étude et enseignement (secondaire) |
Résumé : |
1
Doit-on éduquer à la citoyenneté ? Peut-on éduquer à la citoyenneté ? Éduque-t-on à la citoyenneté ? Telles sont les questions (kantiennes) que l'ouvrage, issu de sa thèse, de Céline Chauvigné nous permet de poser. On conviendra que l'enjeu éducatif, politique et social est d'importance. Comme le souligne Richard Étienne dans sa préface, « Éduquer les citoyens, ça veut dire quoi dans un système qui est plus tourné vers l'enseignement que vers l'éducation ? » (p. 7). Et pourtant la question de la citoyenneté est ni plus ni moins fondatrice du projet démocratique lui-même. Dès lors, comment concevoir le citoyen et assurer son éducation ? 2 Trois chapitres permettent de construire le propos. Le premier s'efforce d'éclaircir et de fonder le concept d'éducation à la citoyenneté. Plusieurs tendances se dégagent, sur la base d'enjeux différents, mais le rôle central de l'École, lui, est fortement relevé. Et ceci à travers l'évolution du système éducatif et de la société, évolution qui « va façonner l'École pour servir des besoins politiques, économiques et sociaux, de la mise en place de l'État-nation à l'intégration aujourd'hui des jeunes dans une société qui exclut de plus en plus » (p. 20). L'analyse des textes officiels, par exemple les lois d'orientation de 1989 et 2005 ou les programmes scolaires, fait émerger les possibilités d'une mise en œuvre de l'éducation à la citoyenneté dans les pratiques d'éducation et d'enseignement en lycée (puisque la présente recherche est centrée sur le lycée). Céline Chauvigné va ici privilégier l'approche historique, mais c'est pour mieux en dégager les raisons politiques et sociales qui ont présidé aux apparitions et aux disparitions successives de la citoyenneté dans la formation des élèves. 3 Le deuxième chapitre, lui, est centré sur le cadre théorique et méthodologique de la recherche : comment les acteurs professionnels mettent-ils en œuvre l'éducation à la citoyenneté ? La théorie de l'agir social est convoquée sous un angle sociologique et compréhensif, le but étant de retenir les méthodes qui permettent de se centrer sur les matériaux d'une analyse détaillée des pratiques actuelles en lycée. Trois approches sont privilégiées : des entretiens avec les acteurs sur leurs propres pratiques, celles imposées par l'institution et celles des autres acteurs des mêmes établissements ; une observation de ces acteurs dans une situation d'action ; les commentaires et les analyses de ces acteurs-auteurs à l'issue de la séance d'observation. 4 Le troisième chapitre, le plus développé, sur la base de l'enquête de terrain et de son étude, se centre sur la manière dont l'éducation à la citoyenneté est pensée et appliquée en milieu scolaire. Quelles sont les motivations des acteurs quand ils investissent le champ éducatif sur cette base et l'incorporent éventuellement aux savoirs des matières disciplinaires ? Ce qui permet de repérer des pratiques qui vont de l'évitement à l'engagement. Les choix des différents établissements font apparaître aussi bien les dominantes que les écarts constatés. Quant à la prégnance de la forme scolaire, elle amène à s'interroger fortement sur la place de l'éducation à la citoyenneté en lycée aujourd'hui. Mais, pour autant, on peut définir ce que pourrait être la possible scolarisation d'une telle éducation à la citoyenneté. 5 On suivra avec plaisir les développements de Céline Chauvigné au long de ses trois chapitres, notamment ce qui concerne les 3 lycées et les 12 acteurs retenus dans les entretiens et les observations. Mais, in fine, que peut-on en retenir ? On se penchera de façon privilégiée sur ce qu'elle en dit elle-même dans la conclusion de son ouvrage, en essayant de retrouver nos trois questions initiales. 6 Doit-on éduquer à la citoyenneté ? D'une certaine manière, nous n'avons plus le choix. Depuis la fin du XIXe siècle, comme un relais des autres instances, l'École est devenue politiquement le lieu privilégié de l'éducation à la citoyenneté. Au fur et à mesure, on est passé de l'instructif à l'éducatif dans le domaine, jusqu'à l'élargir au versant social de la citoyenneté (lien social, insertion, intégration). Quoi qu'il en soit, en raison de l'évolution de notre société, l'exigence d'une éducation à la citoyenneté à l'École se fait de plus en plus forte. 7 Peut-on éduquer à la citoyenneté ? En tout état de cause, on s'y efforce à l'École, notamment dans les lycées. Les injonctions ministérielles sont très abondantes depuis les années 1980 et l'éducation à la citoyenneté, loin d'être un invariant universel, apparaît comme une construction sociale dépendante d'une culture donnée : « C'est pourquoi, l'éducation à la citoyenneté s'accorde au pluriel, associant la construction du futur citoyen au triptyque de la civilité, du civisme et de la citoyenneté » (p. 270). Ce qui est exigé par les nombreuses instructions, c'est qu'une telle éducation se base sur des modèles d'apprentissage fondés à la fois sur les connaissances, l'expérience et l'incarnation de valeurs. 8 Éduque-t-on à la citoyenneté ? C'est difficile, notamment parce que les contextes qui la promeuvent varient sensiblement. Les enjeux des différents protagonistes (institution, acteurs professionnels, élèves, État, société...) sont complexes et les tensions au sein des lycées sont vives face à l'instabilité d'un tel apprentissage. D'autant que la mise en œuvre dépend des conceptions de l'éducation. La réduction disciplinaire de l'éducation à la citoyenneté dans une dimension sociale, comportementale et instrumentale est un fait dominant, à l'aune de la forme scolaire, tout aussi dominante de fait. Même si une minorité d'acteurs s'efforce de lutter contre cette fatalité et prône une éducation globale de l'élève. 9 Et Céline Chauvigné d'insister : l'éducation à la citoyenneté « n'a aucune légitimité didactique, pédagogique et éducative » (p. 271). L'hypocrisie règne et la rhétorique tient lieu d'action. Dans un monde démocratique, on se contente d'éduquer l'élève en tant que « sujet obéissant », et non pas en tant que « sujet auteur et acteur ». 10 Déception ? Oui en quelque sorte. Non pas pour ce qui est du travail réalisé par Céline Chauvigné en tant que tel. Au contraire. Non pas non plus du côté intellectuel, car, pour qui voudra désormais se poser la question de l'éducation à la citoyenneté, on pourra lui dire sans réserve : « Voyez l'ouvrage de Chauvigné ». Mais, du côté des espoirs en jeu dans cette éducation par rapport aux enjeux de notre société, certainement. Céline Chauvigné y est d'ailleurs d'autant plus sensible qu'elle a été pendant longtemps CPE (Conseiller principal d'Éducation) et que, pour elle, dans Éducation il y a bien, et de façon privilégiée, l'éducation à la citoyenneté. Mais elle ne veut pas se payer de mots... Nous non plus... |
Type de document : | Ouvrage |
Code-barres | Cote | Localisation | Section | Disponibilité |
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10004552 | 373-CHA | Ouvrages et ouvrages de référence | Ouvrages | Disponible |
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